Le soir du 12 décembre 1917, le train ML 3874 reliant Milan à Chambéry déraille à un peu plus d'un kilomètre en amont de la gare de St Michel de Maurienne. Le bilan, extrêmement lourd, en fait l'accident ferroviaire le plus meurtrier survenu en France.

100 ans plus tard, le 12 Décembre 2017, les six communes traversées par le convoi et la commune qui a accueilli les blessés de cet accident ont commémorés avec une belle cérémonie le centenaire de cet événement tragique avec l'affrètement d'un train spécial de l'APMFS.

L'arrêt au bon endroit, la CC 6558 à côté de la stèle commémorative posée en 1998.
L'arrêt au bon endroit, la CC 6558 à côté de la stèle commémorative posée en 1998.

Il y a cent ans :

Vers la fin octobre et au début du mois de novembre 1917, quatre divisions françaises ont été envoyées sur le front Italien pour combattre les Allemands et les Autrichiens dans le nord-est de l'Italie. Après une accalmie dans les attaques et l'arrivée des Irlandais sur le front, un régime de permissionnaires a été mis en place.

Le 12 décembre 1917, le train ML 3874 part de Milan en milieu de journée pour rejoindre Chambéry avec plus de 1000 permissionnaires à son bord.

Arrivée à la gare de Modane, le convoi qui a été coupé en deux pour franchir le tunnel du Mont-Cenis a été reformé. Le type de freinage retenu pour le convois n'est visiblement pas suffisant pour le freinage du lourd convois. Il est prévu de freiner les trois premiers véhicules au frein commandable par le conducteur, le reste du convois sera aux mains des "serre freins". Malgré les protestations du conducteur, un peu avant 23h, le train est parti quand même dans cette configuration dans la grande descente pour rejoindre St Michel de Maurienne. Rapidement le train prend de la vitesse, et même avec les coups de freins donnés par le conducteur, le convoi devient incontrôlable. La vitesse sera rapidement excessive pour la ligne, certains militaires s'en rendent compte et tentent de sauter en marche, d'autres endormis n'ont pas conscience de ce qui ce passe.

Il est environ 23h le train approche de St Michel de Maurienne dans une gerbe d'étincelles, les freins du tender ont été arrachés, ceux des voitures et fourgons ont fondus et l'attelage entre le tender de la locomotive et le fourgon de tête vient de se rompre sur le pont de la Saussaz, la locomotive arrivera jusqu'en gare ou elle déraillera a son tour (le conducteur a pu sauter avant). Pour la rame, juste après le pont, le fourgon de tête a déraillé et s'est mis en travers de la voie dans une tranché qui suivait le pont. Les 19 voitures qui ont suivies se sont encastrées dans ce fourgon.

 

Les survivants sont complètement perdus, les habitants de St Jean de Maurienne, qui ont entendu le bruit, sont venus aider ceux qui pouvaient l'être, les Écossais qui étaient dans un train en gare St Michel sont venus sur place pour aider en attendant l'arrivée des secours. Pendant ce temps les voitures en bois ont pris feu, les grenades des soldats explosent, le métal tordu et cassé emprisonne ces pauvres hommes...

De nombreux blessés ont été transportés à l’hôpital de St Jean de Maurienne avant d'être transféré ailleurs (Chambéry notamment) 

Et Ensuite...

Il a fallu attendre de très nombreuses années pour avoir enfin des informations au sujet de cette catastrophe, à cause du secret militaire. Mais aujourd'hui nous savons qu'il y a eu 425 personnes qui sont décédés, dont 277 qui n'ont pas pu être identifiés.
Le déroulé exacte de cet accident est à retrouver dans le livre intitulé Le tragique destin d'un train de permissionnaires de André Pallatier.

12 Décembre 2017 :

Après 1 an et demi de préparation, les 7 villages et villes à l'origine de cet événement ont accueilli pendant 2 semaines les Cérémonies, manifestations et conférences autour du thème de la catastrophe.  

Le moment le plus important a été le jour anniversaire, avec la mise en place d'un train spécial remorqué par la CC 6558 au départ de Chambéry.

Le train a récupérer les écoliers à St Jean de Maurienne, St Michel de Maurienne et Modane avant de les emmener sur le lieu de l'accident où le train a été stoppé le temps de la cérémonie.


La particularité de ce train spécial est qu'il devait absolument comporter des voitures avec des fenêtres ouvrantes. La raison étant que les écoliers Mauriennais, ramassés à la montée, devaient jeter des fleurs sur le lieu exact de l'accident. Les voitures corail couchettes appartenant au fret (pour les trains militaires) ont donc été acheminées depuis Villeneuve St Georges quelques jours avant les trains spéciaux.

La CC 6558 arrêtée sur le lieu de la catastrophe, les voitures couchettes fenêtres ouvertes pour profiter de la cérémonie.
La CC 6558 arrêtée sur le lieu de la catastrophe, les voitures couchettes fenêtres ouvertes pour profiter de la cérémonie.

L'arrivée sur le lieu de la cérémonie, déjà commencée, c'est fait tout en douceur sur une musique jouée par l'orchestre du 27ème BCA. Puis le train c'est immobilisé et la cérémonie a repris comme prévu et sous les yeux attentifs des habitants du secteur, des curieux venu de loin, des familles des victimes... Outre le devoir de mémoire, cette cérémonie a permis l’inauguration de 3 panneaux sur place, retraçant l'histoire qui entour cette catastrophe.

Après 30 minutes d'arrêt, on referme les fenêtres, et on repart en douceur jusqu'à St Michel de Maurienne pour déposer les enfants.

Je vous laisse avec le reportage de Maurienne TV qui nous a suivit ce matin là sur le premier trajet aller retour jusqu’à Modane :

 

Fin